Publié le 23 décembre 2021
Aucun commentaireL’Holocène est mort, vive l’Anthropocène !
Bref… tout cela pour dire que nous devons avoir une lecture sociale de l’Anthropocène et remettre en cause, pas tant une « Nature Humaine » qui n’existe que dans l’esprit de ceux voulant nous dominer, mais bien le système capitaliste, par essence (lol) productiviste, qui sert de matrice aux sociétés modernes.
Parlons donc de « Capitalocène » : il s’agit d’ « analyser en parallèle les différentes phase d’évolution du capitalisme et les dynamiques socio-écologiques globales qui y sont associées » . (Source : « Anthropocène ou capitalocène ? » sur France Culture)
Une lecture sociale et écologique du capitalisme
La pression de l’activité humaine sur l’environnement ne se limite pas à un phénomène thermo-industriel mais correspond encore et toujours à l’accaparement du capital par quelques mains. Les anticapitalistes-antiproductivistes-antiautoritaristes (beaucoup anti… mais tkt on est pour quelques trucs sympas aussi 😉 genre l’entraide, le féminisme, la libre migration des oiseaux et que sais-je encore…) que nous sommes sont sensibles à toutes les luttes socio-écologiques menées partout dans le monde…
Et les jardins collectifs urbains dans tout ça ?
Même principes dans toutes les villes où les Plans Locaux d’Urbanisme (communaux/intercommunaux) prévoient des Zones À Urbaniser (ZAU) sur des espaces que le béton n’a pas encore colonisé. Partout, des habitant·e·s se mobilisent pour animer leur quartier et leur vie à l’aide d’un jardin collectif, îlot de biodiversité, de liens et de chill… et la confrontation peut être rude.
Nous, membres de l’association Campus à Cultiver, sommes aussi de ce bois là. Nous développons et entretenons tant bien que mal le jardin partagé du Campus Vanteaux depuis plus de 6 ans. Une question pointe le bout de son nez toutefois… ce jardin farouche que nous cultivons, suivant la doctrine candide de Voltaire, peut-il être un jour menacé par un « projet inutile » ? Ils ont bien coupé des arbres sans raison apparente sur le campus Jacobin début décembre (on va menez l’enquête d’ailleurs… c’est pas fou cette histoire !). A qui le tour ?
P’tit tour des Jardins à Défendre (JAD)
La Zone d’Écologie Communale des Lentillères (Dijon)
La Quartier libre des Lentillères (Dijon) c’est 9 ha de jardins cultivés en maraîchage dont les rôles socio-écologiques sont nombreux : archipel de biodiversité, soutien alimentaire à des ménages précaires, lien social, etc. (comme d’hab en fait…). Menacé depuis 2010 par un bétonnage nommé « écoquartier » (greenwashing encore et toujours), un collectif auto-organisé d’habitant·e·s, de personnes engagées (…) est passé à l’action en occupant ces terres.
Jusqu’en Novembre 2019, la lutte a payé avec l’abandon du projet d’écoquartier. Mais rebelote ! Comme à NDDL, la Mairie de Dijon entend « mettre en conformité » le Quartier Libre des Lentillères avec la Loi par l’application d’un bail pour légitimer l’installation de porteureuses de projet en maraîchage urbain (traduction : tout le monde dégage). Afin d’éviter toutes expulsions et menaces sur le projet collectif, les militant·e·s se sont serré·e·s les coudes : « On la joue collectif » .
En complément de l’occupation (illégale), une autre stratégie a été mise en place avec la création (dès 2017) du groupe juridique des Lentillères en lien avec celui de Bure, NDDL, etc. Cette alliance entre zadistes/jadistes fut l’occasion d’une montée en compétence et un renforcement du groupe des Lentillères. L’usage du Droit dans les luttes sociales et environnementales n’est pas forcément une évidence. En effet, de prime abord, rappelons que les lois sont faîtes par les gagnants… or c’est rarement nous, les gagnants. Le Droit est, souvent, un outil de domination de ceux possédant le capital et le pouvoir délégué par un système démocratique malade. De plus, le rapport de force avec les pouvoirs publics (mairie, préfecture, etc.) n’est pas chose aisée sur le terrain juridique et politique… béton, béton everywhere… telle est la vison d’un bon nombre d’élu·e·s des collectivités locales et au delà.
La méfiance du « Droit », discipline peu joviale à priori, est un sentiment commun pour toutes personnes en confrontation avec les « Institutions ». Mais yolo ! Jouons avec le Droit et créons la Zone d’Écologie Communale (ZEC), option mise en avant par les occupant·e·s pour protéger les usages et la destination initiale de ces terres nourricières. Le zonage proposé correspondrait à des espaces cultivés, des habitats écologiques et mixtes, infrastructures collectives de biens et de services d’intérêt général (eau, électricité, transport, etc.), des lieux communs, de sociabilité, d’échanges & d’éducation populaire, etc.
Source : Brochure ZEC – Zone d’Écologies Communale – Mai 2021
PS. Nous verrons plus en détail dans un prochain article quels outils existent dans le droit actuel, notamment en matière d’urbanisme et d’aménagement du territoire, pour développer l’agroécologie et des systèmes alimentaires alternatifs 😉
Les Jardins des Vaîtes (Besançon)
Un projet… d’écoquartier… décidément manger vos morts les Maires avec vos écoquartiers ! Bref… un énième bétonnage menace les Jardins des Valtes (34 ha de terres arables proches du centre-ville). La mobilisation paye mais est loin d’être finie : suite à la manifestation, du samedi 27 mars 2021, à l’appel de « l’association Les Jardins des Vaîtes, Extinction Rébellion Besançon et du mouvement Les Soulèvements de la Terre » , ayant rassemblé entre 650 et 800 personnes (twitter), le maire EELV a daigné faire passer le degré d’urbanisation de la zone de 71% à 50%… mais toujours 100% de béton en trop alors qu’on ne compte plus les friches urbaines artificialisées disponibles. Évidemment, construire sur de l’existant ça coûte cher… Il ne faudra pas venir se plaindre « quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, [car] alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas » (ni le béton d’ailleurs…).
Pour rappel, le Soulèvement de la Terre est un mouvement national de lutte contre la bétonisation, le système agro-industriel, etc. -> hésitez pas à suivre leurs appels à mobilisation 😉 Le 5 mars 2022, on assiège Bayer-Monsanto à Lyon ! (entres autres…)
Source : « 650 manifestants contre le projet d’éco-quartier des Vaîtes à Besançon » (France Bleu)
Les Jardins de l’Engrenage (Dijon)
Décidément le Maire, François Rebsamen (PS, gouvernement Valls, allié LREM… pas fou comme CV), aime bien le béton… peut-être bien qu’ils en mangent en fait #cqfd
Les Jardins de l’Engrenage étaient… un îlot de vie de 3 ha au milieu de Dijon occupé depuis juin 2020 suite à la mobilisation « contre la réintoxication du monde » (mouvement national de lutte contre le système capitaliste & productiviste passé à l’action notamment lors de manifestations & occupations à partir de la journée du 17 juin 2020).
Le « projet » : le « Garden State », un complexe immobilier (logements) avec des jardins whaou ! (perdent pas le nord ces gens là) Mélanger une touche de greenwashing et une pincée de novlangue… Tellement Start-up Nation ! Tellement foutage de gueule/20.
21 avril 2021 : expulsion violente des occupant·e·s, habitant·e·s & militant·e·s à coups de lacrymo, de CRS et de pelleteuses. Les gens pleuraient… pas tant à cause des gazages (ça aide quand même…) mais à voir, impuissant·e·s, leur jardin partagé & leur squat ravagés, des arbres fruitiers balancés à la benne… C’est du travail, du « soi », que l’on met à disposition de l’intérêt général !
Sources :
– « À Dijon, les jardins de l’Engrenage luttent contre le béton » Reporterre (avril 2021)
– « Pour les jardins de l’Engrenage, contre la politique du béton à Dijon » terrestre.org (avril 2021)
– « À Dijon, une zad pour préserver un îlot de nature en ville » Reporterre (septembre 2020)
Jardins ouvriers des Vertus à Aubervilliers
Pour le plus grand bonheur de la Maire (Anne Hidalgo… PS, candidate à l’élection présidentielle de 2022, Primaire Populaire, retourneuse de veste professionnelle… piètre CV) et de son conseil municipal de « goche », la Capital Française accueille les Jeux Olympiques Paris 2024 ! Quel plaisir pour Aubervilliers et la Seine-Saint-Denis de perdre les Jardins ouvriers des Vertus, remplacés par un SPA/solarium/etc. !
Les JAD d’Aubervilliers ont été expulsé le 2 septembre 2021. 4000 m² de terres nourricières, riches en biodiversité, dans un secteur où la précarité environnementale est écrasante (1,42 m² d’espaces « verts » par habitant·e – recommandation de l’OMS : 10 m²/hab), un lieu collectif… encore un de perdu…
Sources :
– « « Face au béton, les JAD d’Aubervilliers » : appel à occuper les jardins ouvriers en danger imminent » sur Basta! (mai 2021)
– « « C’est du gâchis » : les défenseurs des jardins d’Aubervilliers ont été expulsés » Reporterre (septembre 2021)
Bien d’autres jardins (collectifs) sont menacés :
– Les jardins d’Aristée par un projet immobilier (Gard, Occitanie) ;
– Le jardin Valmer à Marseille où sa villa pourrait servir d’hôtel particulier ;
– Jardin le « Ti coin charmant » VS un projet d’hôtel de luxe sur l’île de la Réunion ;
– Garder les jardins familiaux du Bois des Chaqueux ou construire une école ? (Fleury-Mérogis, Essonne) ;
– Jardins ouvriers de la Buisserate près de Grenoble (projet de construction de logements…) ;
– Jardins familiaux des Martyrs (Tourcoing, près de Lille) ;
etc.
Ces quelques cas démontrent systématiquement que ce sont les lieux auto-appropriés par des habitant·e·s qui sont à terme menacés par des pouvoirs publics accro à leurs projets commerciaux & immobiliers.
Il est important pour une association comme Campus à Cultiver de renforcer nos connaissances en matière de droit de l’environnement, de l’urbanisme, etc. afin d’être prêt à intervenir, prévenir et soutenir les luttes face aux projets inutiles sur les campus & ailleurs – être là contre l’abattage d’arbres, bétonnage des sols vivants, marchés publics écologiquement & socialement incompatibles avec l’intérêt général. L’observation des PLU(i) et autres documents d’urbanismes est d’ailleurs essentiel afin de voir où doit être portée une vigilance toute particulière.
Évidement, nous aurons d’apprendre à l’avenir d’autres manières de lutter… on en parle de la « non-violence » ?
Lutter ou ne pas lutter, zadiste the question
Si un jardin collectif sur Limoges (ou ailleurs) appelle à l’aide, il nous faudra intervenir et ne plus laisser un seul millimètre de terres, de rivières, etc. être enfoui sous les décombres du Capitalocène !
Alors ? Prêt·e·s à vous mobiliser ?