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Un commentaire

Source : https://www.spf87.org/solidarite-avec-les-etudiants/

L’alimentation, un objet de discrimination sociale

Avec le système capitaliste, l’alimentation est un marqueur social. « Ce marqueur véhicule d’ailleurs des traductions statutaires, psychologiques et symboliques très fortes » (source). Les produits alimentaires « bio », locaux (…), ainsi que les informations associées (lieux de ventes, connaissances sur les conditions sociales et écologiques de productions, etc.), sont économiquement et culturellement réservés aux groupes sociaux privilégiés. En matière d’alimentation, les personnes précaires, comme les jeunes (16-25 ans), dont les étudiant·e·s, ont des choix limités : junk-food, récup., aides alimentaires… sauter des repas…

« En 2018, 9,3 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté […], soit […] 14,8 % [de la population en France]. 5,5 millions de personnes dépendent de l’aide alimentaire (source). « 21 % des Français estiment rencontrer des difficultés financières pour « se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour », 27 % pour « pouvoir consommer des fruits et légumes frais tous les jours », 22 % pour « consommer du poisson au moins une fois par semaine » et 17 % pour « consommer de la viande au moins une fois par semaine » » (source).

Les produits de l’aide alimentaire sont faiblement qualitatifs car issus de agro-industrie. De plus, ce système, caritatif, est violent car les personnes dépendant de ces aides vivent un processus de dé-sociabilisation. Elle repose sur des bénévoles donc un travail « gratuit« , volontairement instauré par le système politique actuel (socialisation des pertes, externalisation des gains).

A Limoges, sur les Facultés de Lettres, de Sciences et l’Enscil-Ensci, des association comme AESSEL et le Secours Populaire ont distribué entre 250 et 300 colis alimentaires par semaine (200/semaine pendant vacances). Face à cette précarité, qui existait déjà avant la crise de la Covid19 et aggravée actuellement par celle-ci et plus particulièrement par les mesures sociales et économiques prises par Macron et ses sbires.

En parallèle de cet « apartheid alimentaire« , le système de production agroalimentaire repose un « Marché », globalisé et concurrentiel. Il est adossé à une agriculture dite productiviste alors que ses agriculteurices vivent dans la grande pauvreté (et sont aussi les premier·ère·s concerné·e·s par les pollutions par les pesticides). En Nouvelle-Aquitaine, c’est près d’un agriculteur sur cinq [qui] vit sous le seuil de pauvreté selon l’Insee.

File:Share-of-population-with-moderate-or-severe-food-insecurity.png

Bien que le développement des pratiques agroécologiques soit certain, ces alternatives sont nettement insuffisantes pour assurer les besoins alimentaires des populations. Rappelons que « l’agriculture familiale produit 70 % des aliments consommés dans le monde« , « utilise 30 % des ressources agricoles mondiales (terre, eau, outils) » et « utilise moins de 25 % de l’ensemble des terres agricoles«  (source). Le système capitaliste ne nourrit pas, il produit de l’argent.

L’épisode que nous traversons aggrave les inégalités sociales et environnementales et accélère les processus qui en sont à l’origine. Entre la précarité alimentaire et la pauvreté extrême touchant le monde agricole, le fonctionnement du système alimentaire doit fondamentalement changer. Certains évidences doivent devenir des principes : un accès digne à une alimentation de qualité pour tou·tes, des revenus dignes pour les paysan·ne·s, agriculteur·rice·s, ouvrier·ère·s agricoles, etc., un système alimentaire démocratique, résilient, agroécologique…

Définition de la Sécurité Sociale de l’Alimentation (SAA)

Une carte vitale pour l'alimentation

Une carte vitale pour l’alimentation ? ISF Agrista (Source : isf-france.org)

Idée révolutionnaire travaillée par ISF Agrista, le Réseau Salariat, la Confédération Paysanne, le Réseau CIVAM, MIRAMAP, un collectif de chercheur·euse·s sur la démocratie alimentaire, etc., la Sécurité Sociale de l’Alimentation (SAA) vise une transformation sociale, écologie et démocratique profonde par un droit universel à l’alimentation.

La SAA propose de remplacer la politique alimentaire actuelle, discrétionnaire, inégalitaire, à deux vitesse, par une politique universelle, sociale et égalitaire. Elle reprend le principe de la sécurité sociale de la santé d’Ambroise Croizat (1945). La socialisation de l’alimentation.

La SAA reposerait ainsi sur trois piliers :

  1. L’universalité du droit à l’alimentation : droit inaliénable, universel, acquis pour tous·tes, où chacun·e est libre de choisir son alimentation, il s’agirait, dans un premier temps, de donner sans condition 150€/mois/personne.
  2. Le financement de la SAA est assuré par une cotisation : le système de cotisation consiste en un pouvoir d’agir collectif via l’instauration de caisses de cotisation gérées par les travailleureuses elleux même.
  3. Ces caisses ont un pouvoir de ciblage sur le type de productions agroalimentaire souhaitée par les consommateurices : la cotisation crée un système économique permettant de développer des modes de productions alternatifs par un ciblage par conventionnement des professionnel·le·s sélectionné·e·s selon des critères (ex. bio, locaux, de saison, en affermage avec paysan-salarié, commerce équitable, etc.) décidés collectivement à l’échelle locale. Ces caisses seraient donc un formidable outil de gouvernance pour la transition agroécologique.

Enfin, la SAA est une solution parmi d’autres pour que l’on s’attelle collectivement et sérieusement à la précarité chez les jeunes au même titre que le salaire étudiant, la gratuité des inscriptions à l’Université, l’augmentation des APL, le remboursement intégral des soins psychologiques, etc. Nous pourrions même d’une manière générale proposer détendre le principe historique de la sécurité sociale à l’ensemble des communs (logement, énergie, réseau, transport, loisirs, etc.) afin d’éradiquer une bonne grosse partie des sources d’inégalités… et avec un peu de chance une Révolution où danserait autour des cendres du capitalisme & du patriarcat ! …mais ceci est le début d’une autre Histoire…

Sources :

Publié le 17 avril 2021

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